Pendant six semaines, l’Atelier Filigrane, spécialisé dans la restauration d’art graphique, a mené une mission de conservation préventive au sein des magasins des fonds patrimoniaux de la médiathèque intercommunales Éric Rohmer.
Les fonds patrimoniaux conservés à la médiathèques intercommunale Éric Rohmer à Tulle constituent les fonds les plus importants de la Corrèze avec plus de 12 000 ouvrages datés de 1450 à 1900. Un patrimoine fondamental mais malheureusement fragile qu’il est nécessaire de protéger du temps et des éléments extérieurs (poussière, variations de températures, humidité, etc.) propices au développement de parasites.
Dépoussiérage et nettoyage contre les parasites
La préservation et la restauration d’œuvres d’art, documents et objets en papier, carton ou parchemin, sont justement les spécialités de l’Atelier Filigrane, une entreprise installée en région parisienne. Pendant 6 semaines, deux employés – Marine Bacour et Krimo Aittabet – se sont installés dans les magasins qui renferment les fonds patrimoniaux afin de procéder à une mission de conservation préventive. « Nous travaillons à retirer la poussière qui s’est déposée au fil du temps sur chaque ouvrage et étagère pour empêcher la prolifération de champignons », détaille Krimo Aittabet.
78 ouvrages contaminés
Parmi les livres que contiennent les fonds, 78 étaient contaminés. Ils ont malheureusement dû être extraits pour subir une désinfection à l’oxyde d’éthylène comme l’explique Marine Bacour : « Nous les avons envoyés à Bernay, en Normandie, chez l’entreprise Stériservices où ils ont passé 20 jours en chambre de désabsorption pour enlever les moisissures. Ils ont été pris en charge à temps ». Depuis, ils ont retrouvé le chemin de la Corrèze et leur place dans les magasins de la médiathèque.
Un procédé de nettoyage toujours identique
Les documents non contaminés ont subi, quant à eux, un procédé de nettoyage toujours identique : l’aspiration de la poussière sur chacune des 6 tranches à l’aide d’un aspirateur spécial puis le passage d’un chiffon microfibre pour enlever les dernières particules. « Si le livre est trop endommagé, nous utilisons une petite brosse en poils de chèvre plutôt qu’un chiffon. Surtout, nous faisons très attention à ne perdre aucun petit morceau de cuir ou de papier qui peut s’en détacher. Nous les ramassons tous et les mettons dans un sachet en plastique qui est ensuite ranger avec le livre sur les rayonnages afin de faciliter une restauration future », continue le technicien. Mais avant cette ultime étape de rangement, les deux restaurateurs ont procédé au décrassage et à la désinfection du mobilier avec une solution composée d’eau et d’éthanol.
Ouvrir les fonds patrimoniaux au public
Désormais débarrassés de potentiels parasites, les fonds patrimoniaux vont prochainement être inventoriés par les agents de la médiathèque. Le catalogue ainsi produit sera, ensuite, transmis à la Bibliothèque nationale de France et identifié sur la bibliothèque numérique Gallica pour permettre aux chercheurs et aux étudiants du monde entier de les consulter. Les magasins ouvriront également au public pour que chacun puisse découvrir ce patrimoine culturel exceptionnel.
Cette opération de conservation préventive a été rendue possible grâce au concours financier du ministère de la Culture par l’intermédiaire de la Direction des Affaires Culturelles (DRAC) de la Nouvelle-Aquitaine à hauteur de 22 776 € HT. Cela représente 80 % du coût total du projet.